Notre intestin est à la mode, entre article et best-seller, il est mis en lumière par les scientifiques et non-scientifiques. Mais qu’en est-il véritablement ? Qu’est-ce que le microbiote ? Quelles sont ses influences dans notre corps ? L’alimentation a-t-elle un rôle sur lui ? Essayons de mieux cerner ensemble l’importance de nos tripes, en faisant la distinction entre mythe et réalité.

Vue aérienne d'une route de montagne enneigée

Le microbiote, ces bactéries logeant dans notre système digestif

Qu’est-ce que le microbiote ?

Chez un homme de 70kgs, il existe environ 38 milliards de bactéries saprophytes. C’est-à-dire qui se nourrissent du bol alimentaire qui parcours notre tube digestif. Qu’elles transforment en ce que nous nommons “selles”. C’est plus de 55% des cellules du corps humain, face au 30 milliards de cellules humaines. Pour l’instant, plus de 3 millions de gènes sont connus comme étant à l’oeuvre dans nos intestins. Ce qu’on appelle le microbiome, on estime qu’il y en aurait à peu près 4,5 millions. Un chiffre à comparer à nos 23 à 25 000 gènes humains !!! (1)

Ainsi, on dénombre une trentaine d’espèces bactériennes en jeu. Mais deux gros phylums (classe) sont majeurs et forment le gros des troupes : les Bacteroidetes et les Firmicutes. S’ajoutent à cela de nombreux virus, des levures, des champignons…. Tout cela vivant en lutte constante en essayant de maintenir un équilibre rapidement évolutif !

La masse de cette flore est d’un bon kilo sous forme d’un mélange de débris alimentaires, de cellules desquamants de l’intestin, et de bactéries. Mais les bactéries à elles seules ne représentent que 200g (1) de ce poids total. Et il est donc abusif de le comparer au poids du cerveau qui fait 1,4 kg en moyenne, faisant le mythe du “2ème cerveau”….

En effet, notre microbiote est influencé pour partie ( environ ⅓) par ce que nous mangeons, où et avec qui nous vivons, notre âge, notre type ethnique, ainsi que par nos animaux domestiques.

Le microbiote et notre alimentation s’influence mutuellement : notre alimentation influence la composition de notre flore bactérienne tout autant que le microbiote nous permet de nous adapter à celle-ci et à notre environnement.

Zoom sur les différents rôles du microbiote :

  • Il permet avant tout la consommation de végétaux crus ou cuits, la digestion de sucres complexes des plantes et des légumes, l’extraction des lipides végétaux.
  • Les produits issu du fonctionnement du microbiote et de notre digestion ont le contrôle direct de la stimulation pariétale de l’intestin. Permettant la libération d’incrétines qui régulent la faim, l’orientation préférentielle vers une voie énergétique plutôt qu’une autre et le stockage ou non d’énergie.

Notre alimentation et le microbiote qui en dépend ont un rôle prépondérant dans le contrôle du diabète, de l’obésité et du cancer colo-rectal.

  • Le microbiote est aussi source de vitamines essentielles que seules certaines bactéries savent synthétiser.
  • Il est aussi capable de s’adapter à des nouvelles situations (famine, carence) en changeant de composition. Avec un effet direct sur les gènes intestinaux en remodelant notre intestin pour maximiser l’absorption des aliments.

La communication intestin-cerveau repose sur 3 liens par :

  • L’intermédiaire du nerf vague, à communication bidirectionnelle. Le nerf vague est le nerf crânien dont le territoire est le plus étendu, d’où son nom. Les 2 nerfs vagues droit et gauche vont de l’arrière de la tête jusque dans l’estomac ou l’oesophage par le cou, en traversant le diaphragme. Il s’occupe de l’activité involontaire des organes, des glandes, des vaisseaux de l’abdomen et convoie des informations motrices et sensitives.
  • La libération dans tout l’organisme de molécules régulant l’inflammation et la réponse immunitaire sécrétées par les intestins.
  • Les produits de transformations issus de la nourriture dont les acides aminés précurseurs ou de neurotransmetteurs cérébraux complets (sérotonine, dopamine, GABA).

Comment le microbiote est transmis et comment le préserver ?

Il nous est transmis lors de l’accouchement par voie basse et/ou par l’allaitement, ou par les laits artificiels. (2) Les causes d’altération du microbiote sont multiples : alimentation déséquilibrée, produits chimiques, polluants, conservateurs, antibiotiques à large spectre.

Le stress est aussi concerné et modifie sensiblement le microbiote avec des variations de certaines classes de bactéries en plus ou en moins. Diminuant la diversité des germes à quantité totale identique. Ceci a un effet sur la perméabilité du côlon qui augmente, laissant passer des débris bactériens, cellulaires. Et tous les métabolites qui passent dans le sang donnant un rebond de réponse inflammatoire et immunitaire dans le corps.

Les dysbioses (déséquilibres de la flore bactérienne), que ce soit induit par une alimentation non saine, des médicaments ou le stress, déséquilibrent donc nos défenses immunitaires et sont des facteurs d’aggravation de certaines maladies. Comme la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique.

Autre exemple d’importance, on observe une baisse du phylum de Bacteroidetes dans la dépression et une surreprésentation des Lachnospiraceae. Les régimes riches en graisses saturées (fromage, beurre, crème fraîche, viandes grasses, viennoiseries, pâtisseries,barres chocolatées, les biscuits, les produits frits et panés, les plats cuisinés, l’huile de palme…). Augmente la dépression (3) et l’anxiété chez l’homme. Mais 3 semaines de Lactobacillus helveticus ramène l’inflammation à la normale et normalisent les troubles de l’humeur. En rétablissant un microbiote normal.

La préservation du microbiote par une alimentation saine et un environnement sain (stress compris) parait primordiale dans la bonne préservation de ses fonctions et donc des nôtres.

Ainsi, si vous voulez un coup de pouce, pensez aux prébiotiques, induisant le développement de bons éléments du microbiote, l’effet est lent et durera tant que la prise durera. Mais sera beaucoup plus durable qu’un probiotique où les bactéries arrivent dans un milieu non prêt à les recevoir.

Par le Léa Magiore, Médecin Généraliste

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