Par Paul Rudelle, Pharmacien

Il y a quelques jours, nous évoquions le nombre important et croissant d’utilisateurs de la cigarette électronique. Aujourd’hui, c’est une technologie dérivée de l’e-cigarette qui fait polémique : le joint électronique ou e-joint. Comme son nom l’indique, cet appareil permet de vapoter de petites doses de cannabis, dont la consommation est illégale en France. Pourtant, le joint électronique profite actuellement d’un flou juridique, légalisant sa commercialisation.

joint électronique

Cannabis, THC et CBD

Le cannabis est une drogue obtenue à partir de plantes, très recherchée pour ses effets psychoactifs, obtenus via une molécule de la plante appelée TétraHydroCannabinol ou THC.
Le THC possède plusieurs effets recherchés par les consommateurs dont notamment des sensations d’euphorie, de gaieté et des effets entraînant une relaxation.

Le THC possède un petit frère, moins bien connu : le cannabidiol ou CBD. Contrairement au THC, le CBD ne provoque pas d’effets psychoactifs, mais va conserver des effets de détente et de relaxation pour le corps. Il faut savoir que le CBD est une molécule qui possède de nombreux usages thérapeutiques et sert parfois d’antidouleurs ou d’anxiolytiques dans certains médicaments.

Le CBD, est une molécule, qui une fois mélangée à des aromates et carburants de cigarette électronique, va se retrouver sous forme d’e-liquide, constituant les recharges des cigarettes électroniques. C’est donc cette molécule extraite du cannabis que l’utilisateur va vapoter.

Alors pourquoi, si le cannabis est une substance illégale en France, vapoter du CBD serait autorisé ?

Il est interdit, dans l’hexagone, de vendre ou d’acheter des produits comportant plus de 0,2% de THC. Evidemment, les e-liquides consommés dans les joints électroniques comportent des doses de CBD inférieures à ce taux imposé. Pourtant, la fabrication et la vente de CBD pur ne sont pas légales en France.

Les revendeurs d’e-liquide à base de CBD s’appuient donc sur une dérogation du Ministère de la Santé légalisant « la commercialisation de variétés de cannabis, dépourvues de propriétés stupéfiantes », dérogation ne pénalisant pas la vente d’e-liquide pour joint électronique.

Pourtant, malgré sa légalité, la démocratisation du joint électronique crée la polémique, notamment car l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) ne possède aucune donnée sur les effets à long terme du CBD et de ses potentiels impacts sur la santé d’un individu. De plus, comme évoqué dans le précédent article sur la cigarette électronique, le vapotage à lui seul peut présenter un danger, jusqu’alors non prouvé et non identifié. Associer une molécule au mécanisme d’action méconnu à un mode de consommation très récent et potentiellement dangereux, a provoqué la colère des médecins.

Le ministère de la Santé a donc décidé de limiter la consommation uniquement à des fins de vapotage, de plus, les flacons vendus doivent respecter cette fameuse limite maximale de 0,2%
La dernière directive énoncée par le Ministère de la Santé est certainement la plus délicate et subjective : le revendeur ne doit pas faire une publicité positive de ce produit.

Sa démocratisation soulève une question importante : quelle est son utilité ? En effet, nous l’avons vu dans l’article précédent, la cigarette électronique s’est en grande partie popularisée car elle est présentée comme un substitut à la cigarette classique. En revanche, le joint électronique n’a pas cette vocation et aucune étude clinique n’a été menée à son terme concernant une potentielle substitution sans risque néfaste sur la santé.

Le joint électronique est donc une technologie nouvelle et méconnue, provoquent logiquement et à juste titre une méfiance des instances sanitaires.

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