La parentalité consciente est une méthode d’éducation dans laquelle l’écoute et la communication sont reines, et où la punition n’a pas sa place. Ni autoritaire, ni laxiste, elle prétend prévenir le stress et les traumatismes chez l’enfant, tout en respectant la place de chacun dans la famille. La parentalité en pleine conscience vise à élever des enfants non violents, faisant preuve de compassion et ayant confiance en eux.
Pleine conscience et parentalité
Notion indienne ancienne, la pleine conscience (samyak-smriti en sanskrit) est au cœur de la philosophie bouddhiste. Elle désigne un état de conscience vigilante, de présence au monde extérieur comme intérieur, sans jugement. Appliquée à la parentalité, la pleine conscience propose une écoute attentive de l’enfant. Avec de la patience et de la pratique, cette attention, cette conscience au présent, permettent d’éviter les réactions teintées de nos propres traumatismes et de gérer nos émotions. Les nôtres, en tant que parents, et celles de l’enfant. La parentalité en pleine conscience demande une attitude exempte de tout jugement. L’écoute respectueuse et l’observation de l’environnement (sons, odeurs, couleurs…) font partie de cette attention au présent, à l’« ici et maintenant », proposant de mettre de côté nos projections sur le futur de notre enfant, et notre passé, ravivant des comportements non conscients.
Les trois principes de la parentalité consciente
Si on se reporte aux écrits d’Aletha Solter, psychologue spécialiste du développement de l’enfant et partisane de la parentalité en pleine conscience, la parentalité consciente repose sur trois grands principes.
Le lien profond d’attachement
Dans la parentalité consciente, la connexion étroite parents-enfants dès les premiers instants après la naissance (et même pendant la grossesse) est primordiale. L’attachement est en effet un besoin vital. Pour que ce lien soit fort, la parentalité en pleine conscience préconise les contacts physiques étroits, comme l’allaitement, le portage physiologique, un accouchement au plus proche du naturel (sans séparation entre bébé et maman), et le « cododo ». Ce dernier peut avoir des modalités diverses. L’enfant s’endort dans sa chambre mais peut rejoindre ses parents pendant la nuit s’il se réveille. Il peut aussi dormir dans la même chambre ou le même lit qu’eux, ou seulement s’endormir à leurs côtés. Enfin, même si la mère a des contacts privilégiés avec bébé, du fait principalement de l’allaitement, le lien avec le père a une importance aussi grande. Ce dernier doit ainsi investir son rôle sans se laisser mettre à l’écart.
La discipline sans punition
D’après Célestin Freinet (pédagogue créateur de la méthode éponyme), « les punitions sont toujours une erreur, elles sont humiliantes pour tous et n’aboutissent jamais au but recherché ». Dans la parentalité consciente, une éducation sans punition n’est pas synonyme d’éducation laxiste. Au contraire, une éducation en pleine conscience est une manière d’entretenir des relations parents-enfants de respect mutuel. Pour y parvenir, il s’agit de ne pas calquer l’éducation qu’on a reçu sur son enfant, et d’être à son écoute.
Pourquoi s’énerve-t-il ? Pourquoi refuse-t-il de manger, d’aller au lit, de s’habiller… Quel est son besoin non satisfait ? Quels sont ses sentiments à ce moment précis ?
Parfois, les enfants ont simplement besoin d’attention mais ne savent pas l’exprimer, ou peuvent encore manquer d’informations. Il s’agit de trouver des alternatives à la punition. Par exemple, avec un ado qui veut sortir un soir : au lieu de fixer un horaire de retour et prévoir une sanction si celui-ci n’est pas respecté, demander à l’ado à quelle heure il pense rentrer (raisonnablement) et de prévenir en cas de retard. En cas de non respect, le parent partage son inquiétude et sa contrariété sans violence. La plupart du temps, l’adolescent ne voudra pas blesser ses parents, qui lui font confiance.
La prévention du stress et des traumatismes
Quand un parent est traumatisé par sa propre enfance, il a tendance à reproduire des schémas toxiques pour son enfant. En pratiquant la parentalité consciente, en restant au présent, il choisit l’écoute et le respect des émotions de son enfant. Les pleurs ont une importance particulière qu’il ne faut surtout pas négliger, selon Aletha Solter. On ne devrait jamais laisser son enfant pleurer seul, quel que soit son âge. Les pleurs sont le plus grand déclencheur de maltraitance. Ils ne signifient pourtant pas que le parent est un mauvais parent, et sont juste un moyen d’évacuer le stress, d’exprimer une émotion ou un besoin physiologique immédiat. On peut en réponse prendre l’enfant dans ses bras, lui signifier qu’on le comprend et qu’on l’aimera toujours, quoi qu’il ressente. Pour évacuer le stress, des enfants comme des parents, les jeux et le rire sont un moyen très puissant !