Si l’évolution économique d’un pays se résume en un chiffre grâce au PIB, celui-ci a atteint ses limites. L’état de santé de la population, sa satisfaction ou la qualité de l’environnement, ne sont pas pris en compte. Ainsi, l’évaluation du bien-être met en exergue ce que le PIB ne reflète pas. Comment mesurer le bien être d’un pays ? Quels sont les paramètres à prendre en compte ?
Quels indicateurs pour mesurer le bien être ?
Comme le bien-être est une notion pluridimensionnelle, sa mesure comporte nettement plus de données, exprimées en différentes unités. Il existe cependant des limites inhérentes à tout indicateur.
- Tout n’est pas quantifiable. Il est important de considérer une vue globale intégrant une approche qualitative.
- Les indicateurs ne sont pas objectifs et non discutables. Il n’y a pas de neutralité scientifique. Les indices sont imparfaits car ils ne peuvent traduire fidèlement toutes les dimensions de la réalité.
- Enfin, ne pas idéaliser les mesures. Si mythifiés, les indicateurs peuvent constituer des filtres, figer notre point de vue et fausser notre vision sur notre propre réalité sociale. Ce qui est, par exemple, reproché au PIB.
Les indicateurs sociaux objectifs
Le comité du système statistique européen (ESS) travaille à l’élaboration d’un ensemble d’indicateurs de qualité de vie. Les dimensions à évaluer sont les conditions matérielles de vie, le travail et l’emploi, la santé, l’éducation, les loisirs et les interactions sociales, la sécurité économique et physique, la gouvernance, l’environnement et l’expérience globale de la vie.
La santé
C’est un domaine où des mesures objectives peuvent fournir des résultats sensiblement différents du PIB. Par exemple, bien que le PIB par habitant en France soit inférieur à celui des États-Unis, les Français ont une espérance de vie à la naissance plus élevée que les Américains. D’autres indicateurs de santé de base comprennent l’état de santé général auto-évalué, la santé mentale et l’accès aux soins de santé.
L’indice de développement humain
L’IDH est bien connu : il mesure le développement des pays en se fondant non pas sur des données strictement économiques, mais sur la qualité de vie de leurs ressortissants. Valeur composite, elle combine des mesures de l’espérance de vie, de l’éducation et du revenu pour produire un chiffre unique entre zéro et un qui est ensuite utilisé pour classer les pays à travers le monde.
L’éducation
Le bien-être et les progrès de la société peuvent être mesurés à l’aide de valeurs standard telles que la scolarisation, les niveaux moyens d’éducation atteints ou le nombre moyen d’années de scolarisation. Une meilleure éducation est importante en partie car elle est associée à une meilleure santé ainsi qu’à des revenus plus élevés.
L’emploi
Bien que ce soit une activité économique, l’emploi est aussi un facteur important dans la qualité de vie d’un individu. Il fournit non seulement un revenu, mais aussi un but dans la vie, un sentiment de sécurité économique et des opportunités de socialiser avec les autres. La sécurité de l’emploi et un salaire adéquat sont positivement liés à la satisfaction à l’égard de la vie. Cependant, plus d’heures passées dans l’emploi peuvent à un moment donné nuire à la qualité de vie.
Les relations sociales
De solides relations sociales avec les amis et la famille sont associées à des sentiments positifs, à la santé et à la longévité. Les indicateurs utiles pour mesurer le « capital social » comprennent traditionnellement l’appartenance à des associations, le travail bénévole et les activités de loisirs impliquant d’autres personnes.
La gouvernance
Le bien-être peut également dépendre d’une bonne gouvernance politique et de la possibilité de participer à la vie politique. Les indicateurs comprennent des mesures du fonctionnement efficace de l’état de droit et de la responsabilité des institutions. Ces indicateurs peuvent également être liés à la sécurité personnelle.
Mesurer le bien être subjectif
Le bien-être subjectif est la façon dont les gens perçoivent leur vie. Ainsi, un certain nombre d’initiatives ont cherché à mesurer directement le bien-être individuel en développant des enquêtes sur la satisfaction de la vie, le bonheur et le sens du but et de l’engagement.
Mais que de paradoxes…
Cependant, des questions ont été soulevées quant à l’utilisation du bien-être subjectif comme indicateur général du bien-être. L’économiste Richard Easterlin a soutenu qu’il n’y a pas de relation entre les taux de croissance des revenus à long terme et le bonheur. Diverses explications ont été avancées pour expliquer ce « paradoxe d’Easterlin ». Les attentes des gens s’adaptent à l’amélioration des circonstances ; leur sentiment de bonheur est relatif au revenu des autres ou à leur propre revenu passé ; ou ils atteignent un seuil en termes de bien-être économique ou matériel au-delà duquel un niveau de vie plus élevé n’augmente pas le sentiment de bien-être.
D’autres experts, cependant, contestent même l’existence d’un paradoxe d’Easterlin. Ils soutiennent que, sur la base d’une analyse plus approfondie d’ensembles de données plus larges, il peut être démontré que le revenu est lié de manière logarithmique au bien-être subjectif. En d’autres termes, à de faibles niveaux de revenu, une augmentation de revenu entraînera des augmentations plus importantes du bien être subjectif. Tandis qu’à des niveaux de revenu plus élevés, les augmentations seront moins marquées. Ils soutiennent que s’il existe un point de satiété, aucune société ne l’a encore atteint.
Finalement, il n’est pas simple de mesurer le bien-être. Encore moins de cerner clairement le concept du bien-être et distinguer ses facettes. S’il est possible de mesurer la qualité de vie via une approche centrée sur le développement durable et des ressources ou via une approche centrée sur le bien être et l’individu, les termes bien-être, prospérité, bonheur restent flous et recouvrent une réalité complexe et malléable, non définie et dépendante de la perception des individus.