Par Paul Rudelle, Pharmacien

Trois vaccinations étaient jusqu’alors obligatoires. Aujourd’hui, les enfants nés après le 1er janvier 2018 devront désormais être vaccinés contre onze maladies, selon les dernières directives de la ministre de la santé Agnès Buzin.

Aux vaccins obligatoires contre la Diphtérie, la Poliomyélite et le Tétanos, s’ajoutent donc les suivants : la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, la bactérie Haemophilus influenzae mais aussi le pneumocoque et le méningocoque B.

Bébé se faisant vacciner

Piqûre de rappel sur les vaccins

La vaccination du nourrisson est un sujet qui entraîne bon nombre de polémiques sur les réseaux sociaux. Entre les témoignages contre la vaccination et les démentis en faveur de celle-ci, nous sommes submergés d’informations discordantes. Il nous semblait donc important de rappeler ici toutes les bonnes pratiques des principaux vaccins, leur efficacité ainsi que leurs effets secondaires.

La vaccination obligatoire avant le 1er janvier

En France, seules trois maladies étaient concernées par une obligation de vaccination : la Diphtérie, le Tétanos et la Poliomyélite. Pour s’immuniser contre ces trois maladies, il existe un vaccin appelé DTP.
La vaccination totale par le DTP se compose d’une double primo-injection obligatoire ainsi que d’un premier rappel, suivi par des rappels recommandés.

La première injection doit s’effectuer lorsque le nourrisson atteint l’âge de 2 mois. La suivante lorsqu’il atteint ses 4 mois. Le premier rappel obligatoire se fait lorsque le bébé est âgé de 11 mois. Les rappels suivants ne sont pas obligatoires. Cependant, ils sont recommandés par la santé publique. En respectant ce calendrier vaccinal, votre enfant est donc protégé contre ces trois maladies tout au long de sa vie.

Calendrier vaccinal

Campagnes de vaccination

La vaccination a eu un impact important dans l’histoire. Jusque dans les années 1950, certaines maladies touchaient une grande majorité des populations. Prenons quelques exemples aux Etats-Unis afin d’observer l’effet des campagnes de vaccination sur la propagation des maladies.(1)

  • La diphtérie : En 1950, on comptait 5800 cas de diphtérie chaque année et 410 décès. Depuis 2004, grâce à l’amélioration de la couverture vaccinale, on recense seulement 1 cas de diphtérie et plus aucun décès.
  • Le tétanos : Au total, 506 cas et 394 décès ont été causés par le tétanos en 1951 aux Etats Unis. En 201626 cas ont été recensés, et tous les malades ont pu être sauvés.
  • La poliomyélite : Avant l’obligation de vaccination contre la poliomyélite, cette maladie touchait plus de 33000 personnes par an, causant près de 2000 décès. La campagne de vaccination fut un succès puisqu’en 1994, la maladie a été déclarée éradiquée du pays.
  • La rougeole : En 1950, la rougeole affectait 319 000 personnes chaque année, la plupart du temps de jeunes enfants et causait la mort de près de 500 d’entre eux. En 1976, une grande campagne de vaccination est alors lancée dans le pays. Ainsi, depuis le début des années 2000, on observe plus qu’une centaine de cas chaque année, le dernier décès imputable à la rougeole remontant à l’année 2002.
  • Les oreillons : Il s’agissait en 1968  d’un véritable fléau puisqu’ils touchaient plus de 152 000 jeunes enfants chaque année et causaient la mort de 20 d’entre eux. Aujourd’hui, environ 300 cas sont recensés chaque année avec un taux de mortalité inférieur à 0,2%.
  • La rubéole : Au début des années 1970, la Rubéole concernait 58 000 personnes chaque année et causait la mort de 30 d’entre eux. Aujourd’hui, moins de 10 cas par an sont observés, la rubéole a causé moins de 10 morts depuis 15 ans.

Ces données illustrent le fait que la généralisation des vaccins a donc eu d’immenses impacts positifs sur les conditions de vie sanitaires de la population et surtout des jeunes enfants au fil des années.

Vaccination : un enjeu de santé publique

Même si la forte amélioration de l’hygiène globale de la société a contribué à l’éradication de ces maladies, c’est surtout l’augmentation de la couverture vaccinale qui a joué le premier rôle. Plus le pourcentage de la population vaccinée est élevé, moins on observe de malades.

Pour preuve, si en France la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite font si peu parler d’elles, c’est grâce à une excellente couverture vaccinale de la population puisque 91% de la population a effectué le vaccin DTP.

Dans le cas contraire, une épidémie de rougeole a eu lieu en 2012, ce qui s’explique par une couverture vaccinale plus faible, d’environ 70%. Pour éradiquer une maladie d’un pays, on considère qu’il faudrait une couverture vaccinale de 95%.

Obligation vaccinale, faux débat ?

Pour pouvoir inscrire son enfant dans une crèche, à l’école, ou en collectivité, il fallait jusqu’alors que l’enfant soit vacciné contre le DTP, l’haemophilus influenzae, le pneumocoque (constituant le vaccin pentavalent), mais aussi la rubéole, les oreillons, la rougeole, et parfois l’hépatite B. Toutes les collectivités sont catégoriques à ce sujet et refusent les enfants non vaccinés, preuve du carnet de vaccination à l’appui.

Ce sont, en somme, les vaccins rendus obligatoires depuis le 1er janvier 2018 avec le nouveau texte de loi. Il n’y a donc aucun changement puisqu’en réalité, la vaccination contre tous ces vaccins, hormis peut-être le méningocoque B, était déjà officieusement obligatoire.

Effets indésirables, distinguer le vrai du faux

  • La vaccination provoque une réaction immunitaire au sein de l’organisme. En effet, on stimule celui-ci avec une dose de l’agent infectieux pour immuniser notre corps. Il n’est donc pas anormal qu’une réaction fiévreuse puisse se faire ressentir dans les jours qui suivent l’injection. Cet effet secondaire du vaccin est scientifiquement prouvé et bien connu du corps médical. Une douleur et un léger gonflement localisés sur le site d’injection sont également des effets indésirables prouvés, imputables aux vaccins.
  • Récemment, les vaccins Rougeole Oreillons Rubéole ont été accusés de surcharger le système immunitaire et de provoquer l’autisme chez l’enfant. L’autisme est généralement diagnostiqué en même temps que la vaccination ROR, donc très tôt chez le nourrisson : ce qui a initié cette polémique. Des études (2) ont été menées, et il a été scientifiquement prouvé qu’il n’y a aucun lien entre vaccin ROR, autisme et apparition de maladie auto-immune ou d’allergies. Cette accusation était donc infondée.
  • Les maladies citées plus haut auraient pour origine l’aluminium. Il s’agit d’un excipient présent dans les vaccins. L’aluminium contenu dans un vaccin sert à stimuler le système immunitaire pour booster l’effet du vaccin et ainsi le rendre plus efficace. Des études ont donc été menées sur des milliers de cas pour voir s’il y avait une corrélation entre l’aluminium et l’apparition de ces maladies. La conclusion tirée par la communauté scientifique est qu’il n’y a pas de lien entre les deux. En 2013 l’OMS a déclaré que « Les données scientifiques disponibles à ce jour ne permettent pas de remettre en cause la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium ». Les seules réactions à l’aluminium reconnues par l’OMS sont les réactions inflammatoires locales, sur le site d’injection.
  • Pour finir, les conservateurs présents dans les vaccins ont été pointés du doigt. Notamment, le formol et le mercure. Il faut savoir que ces produits sont présents en quantité si faibles dans les vaccins qu’ils ne peuvent pas entraîner une intoxication chez le nourrisson.

Les conseils du pharmacien

Pensez aux autres

Car outre le bénéfice individuel, la vaccination a aussi un intérêt collectif ! En effet,  en vaccinant votre enfant, vous le protégez, et protégez en même temps toutes les personnes de son entourage. Dans les crèches par exemple, les enfants de moins d’un an ne sont protégés que par la vaccination de l’entourage.

Tenez un calendrier

Il y a de nombreux vaccins et de nombreux rappels. Veillez  à ce que les vaccins de vos enfants soient à jour dans leur carnet de santé et notez les dates auxquelles les rappels doivent être injectés.

Renseignez-vous

Certaines personnes rejettent la vaccination. Que ce soit par religion ou par conviction.

Malgré les nombreuses polémiques lancées autour de la vaccination, votre meilleur conseiller est votre médecin ou votre pharmacien. C’est un sujet sérieux, les réseaux sociaux la presse ou les forums ne sont donc pas des canaux à privilégier pour s’informer sur ce sujet-là.

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