Par le Léa Magiore, Médecin Généraliste
Parce qu’elle nous conduit dans un indicible ailleurs, au coeur du corps, de l’imaginaire et de l’intime, l’hypnose fascine et intrigue. En stimulant des ressources non conscientes, cette technique peut nous aider à guérir et à trouver un soulagement à nos phobies, addictions et autres problèmes de concentration. Zoom sur les troubles du comportement alimentaire, entre anorexie, boulimie et surpoids, qu’est ce que l’hypnose peut vous apporter ?
L’hypnose au secours du comportement alimentaire
Comment l’hypnose stimule nos force d’autoguérison ?
Il faut savoir que les obsessions et les tensions entravent notre mouvement réparateur naturel. En invitant notre corps et notre esprit au repos, au “ne-rien-faire”, nous favorisons alors l’autoguérison. C’est en rejoignant cet espace qui existe en nous que l’on peut guérir. Au contraire, lorsqu’on s’écarte du centre, mal-être et malaises apparaissent.
Comment l’hypnose peut-elle soigner ?
Tout d’abord, les patients souffrant de Trouble du Comportement Alimentaire (TCA) subissent le corps comme une contrainte. Celui-ci est alors plus souvent perçu comme une source de déplaisir que l’outil par lequel ils vont pouvoir s’accomplir.
En hypnose, le sujet trouve enfin un moyen de rentrer en contact avec lui-même, éveillant en lui ses ressources personnelles. Cette pratique, par le biais de la focalisation sur l’un de ses sens, va permettre une plongée en son centre qui va lui donner une façon concrète d’être plus à l’écoute des messages que son corps lui envoie. Il pourra alors les décoder au lieu de les mettre de côté. Une guérison basée sur le “ressentir intensifié” permet à l’individu de se ”réincarner”, se “réincorporer”, de s’unifier.
Pour connaitre le déroulement d’une séance d’hypnose, n’hésitez pas à consulter notre article sur le sujet
Les troubles du comportement alimentaire (TCA)
La boulimie vient du mot grec “Boulimion”, qui signifie « faim de boeuf ». Ce phénomène touche 0,2 des garçons et 1,1 % des filles entre 12 et 20 ans. Elle peut concerner les personnes plus âgées et s’accompagne aussi bien d’un excès pondéral que d’une insuffisance pondérale.
L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire généralement féminin qui entraîne une privation alimentaire stricte et volontaire, ceci pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Si environ 20 % des jeunes filles adoptent des conduites de restriction et de jeûne à un moment de leur vie, seule une minorité d’entre elles deviennent anorexiques. Une étude épidémiologique menée en France en 2008 auprès d’adolescents dans leur 18e année indique que l’anorexie mentale a concerné 0,5 % de ces jeunes filles et 0,03 % des garçons entre 12 et 17 ans.
Les mécanismes psychiques sous-jacents au TCA
Il serait illusoire de vouloir fournir une explication détaillée quant à l’origine de ces troubles qui. En effet, même s’ils constituent les 2 faces d’une seule médaille, ils ont pourtant des origines et des fonctionnements bien différenciés.
On peut néanmoins aborder le fonctionnement qui sous-tend ces conduites addictives, et qui se manifeste soit par la recherche de cette sensation de faim douloureuse soit par la douleur réconfortante de la distension de l’estomac.
Cette conduite peut se comprendre comme une lutte anti-dépressive qui vise à combler un sentiment de vide insupportable. La conduite témoigne d’une gestion difficile des stimuli externes et des émotions suscitées et figure une dépression qui, parce qu’elle est difficilement représentable et donc dicible, nécessite un étayage corporel.
Enfin, l’objectif commun de la conduite addictive alimentaire et du fonctionnement opératoire est de ne pas éprouver, c’est-à-dire de ne pas penser corporellement, se défaire de sa corporéité. Il y a un véritable abandon du corps.
Pour aller plus loin :
La fin de la plainte, François Roustang, Odile Jacob, 2000
Le pouvoir du moment présent, E Tollé, Essai, 2010
Manger beaucoup, à la folie, pas du tout, G Nardone, Seuil, 2004
L’éveil de l’esprit, Antoinette Muel, Livre de Poche, 1995