L’état hypnotique, chacun de vous a pu en faire l’expérience au moins une fois, lorsque que vous êtes absorbé dans vos pensées lors d’un trajet en voiture. Et que c’était comme si la voiture était rentrée toute seule à la maison, se sentir totalement absorbé par la lecture d’un très bon livre. Vivre quelque chose comme si rien d’autre n’existait autour… Vous l’avez tous déjà vécu cet état ou la conscience se modifie un temps soit peu… Alors qu’est-ce vraiment ? Et comment s’en sert-t-on pour soigner ?

Patiente allongée sur un canapé lors d'une séance d'hypnose

L’hypnose médicale

Qu’est ce que c’est ?

Une séance d’hypnose médicale est pour un patient une expérience sensorielle qui lui permet de trouver des ressources internes. Pour l’aider à se libérer de l’emprise de sa maladie ou de sa douleur. Cette pratique ancienne n’a pas toujours été crédible en raison des spectacles à sensations dont elle a fait l’objet. Hors l’hypnose médicale est en réalité une technique souple, accessible, adaptée à de nombreux contexte de soins.

Depuis une quinzaine d’années, elle séduit un nombre croissant de médecins, sages-femmes, infirmières, ou encore dentistes. L’hypnothérapeute ne va pas tenter de soigner un organe ou une maladie. Mais de soigner le patient dans sa totalité, son corps physique, ses émotions, ses sensations, ses croyances, son passé, ses ressources mentales… tout ce qui va constituer son monde propre.

L’hypnose permet à une personne de prendre soin de soi et de développer pour se faire des dispositions internes et comportementales nouvelles.

40% des centres de la douleur utilisent l’hypnose en 2010. Une abondante littérature s’est en effet intéressée aux effets antalgiques de l’hypnose. Parmi les plus étudiés : les soins aux brûlés, la douleur pendant et après opération, les effets secondaires des chimiothérapies et la migraine (en particulier chez l’enfant).

L’hypnose serait capable d’agir sur les 2 composantes de la douleur : le ressenti émotionnel mais également la sensation douloureuse elle-même. Ainsi, certaines études (réalisées chez 27 sujets très hypnotisables) ont même montré la capacité de l’hypnose à activer les circuits neuronaux correspondants à une douleur physique. Et ce même en l’absence de stimuli douloureux (Derbyshire, Whalley et al. 2004).

L’Inserm a recensé dans un rapport d’évaluation de très nombreuses indications (1) dont : la gynécologie (grossesse difficile, nausées, vomissements), la dermatologie (allergie, urticaire, psoriasis, eczéma), la neurologie (migraine). Ou encore les troubles du comportements alimentaires, la psychologie, la psychiatrie, l’addictologie, la gastro-entérologie, les soins dentaires. En effet, chez les enfants, l’hypnose est souvent efficace contre le manque de concentration, l’hyperactivité, l’énurésie (faire pipi au lit) ou encore le bégaiement.

L’hypnose ne prétend pas soigner la cause du problème mais de modifier le rapport du patient à sa problématique.
Ainsi, la pratique de l’hypnose peut ne pas être appropriée chez des individus souffrant de pathologies psychiatriques sévères de types schizophrénie ou l’autisme. En risque d’une aggravation des symptômes.

L’avis d’un psychiatre hypnothérapeute habitué à ces cas particuliers (et il en existe !) est alors nécessaire.

Comment se déroule une séance d’hypnose médicale ?

Une séance d’hypnose comporte 3 étapes. La première baptisée “induction” amène le sujet à se détacher progressivement de son environnement (via la relaxation, la fixation d’un point, le récit d’une histoire…). Lors de la phase suivante nommée “dissociation”, le sujet se coupe de ses perceptions auditives, visuelles et tactiles.

Cette phase a pour but de désactiver la conscience critique du sujet. Sa respiration et son rythme cardiaque ralentissent, son corps est engourdi et immobile. Lors d’un soin douloureux (pansement, pose d’une perfusion..), cette phase possède un effet antalgique suffisant pour permettre le soin. Le patient est dissocié temporairement d’une partie de son corps qu’il confie au soignant dans un contexte bienveillant. Au cours de la troisième étape (la « perception première »), le sujet s’installe dans une sensorialité qui fonctionne en dehors de la raison.

L’hypnothérapeute formule alors des suggestions en fonction du but de la séance. Avant d’attirer l’attention de son patient sur des repères physiques du moment et du lieu pour lui permettre de revenir en douceur à la réalité.

Par le Léa Magiore, Médecin Généraliste

consulter un médecin en video