Paul Rudelle, Pharmacien

La Langue des Signes, tout le monde l’a déjà côtoyée, à la télévision avec les émissions traduites ou plus récemment au cinéma. Cependant, elle est toujours considérée comme une langue réservée aux malentendants ce qui pose de nombreux obstacles dans la vie des personnes handicapées par la surdité.

Deux femmes qui ont une conversation en langage des signes

Compléter son langage

La surdité en France

En France, le handicap qui touche le plus de personnes est celui de la déficience auditive. Le ministère de la santé évalue à 7% de la population le nombre de Français victimes d’un déficit auditif, soit plus de 4 millions de personnes handicapées par des problèmes d’audition.

Parmi toute cette population, il y a environ 120 000 personnes qui sont atteintes d’une surdité dite profonde, correspondant à une perte d’audition de plus de 90 Décibels. Pour vous faire une idée, 90 Décibels c’est l’intensité sonore provoquée par le cri d’une personne à moins d’un mètre de distance, et 110 Décibels le bruit provoqué par un marteau piqueur.
Les personnes sourdes ont donc dû développer leur propre langage pour communiquer autrement que par l’écrit.

La langue des signes françaises

La Langue des Signes Française (LSF) s’est développée au milieu du 18ème siècle, mais il a fallu patienter jusqu’en Février 2005 pour que la LSF soit reconnue comme une langue à part entière.

Car oui, on parle bien ici d’une langue complète avec un alphabet, une ponctuation des règles de grammaire et de syntaxe avec des notions de lieu, de personnages, d’actions. Seule la conjugaison n’est pas similaire à la langue française puisque par exemple les temps du futur et de l’imparfait n’existent pas, remplacés par une précision du moment de l’action décrite. Comme pour apprendre une langue classique, la Langue des Signes requiert de la patience, de l’étude, de la rigueur et de la pratique.

En opposition avec toutes les similarités observée avec d’autres langues, la Langue des Signes est la seule qui ne va pas avoir besoin d’être véhiculée par des sons. La LSF va reposer sur les mouvements des doigts, des mains mais aussi sur les expressions du visage.

Comment signer ?

L’alphabet de la langue des signes s’effectue à une seule main, il comporte les mêmes 26 lettres qui composent la langue française. Chaque lettre est exprimée par une combinaison de doigts particulière, parfois associées à un léger mouvement de la main. Lorsque l’on signe, c’est-à-dire que l’on communique en Langue des Signes, on ne va utiliser les lettres de l’alphabet que pour épeler un prénom, un nom de famille ou un nom de ville et pays. Souvent, chaque personne va avoir le droit à un surnom en LSF, symbolisé par un geste précis,  pour éviter d’avoir à épeler à chaque fois son nom. Je vous invite à essayer un petit exercice de signe : il suffit de reproduire un à un les gestes de la main qui correspondent aux lettres qui composent votre prénom. Entraînez-vous à les répéter de la façon la plus fluide possible et vous serez par la suite désireux de savoir en dire plus grâce à la langue des signes !

Tous les noms communs et verbes vont se voir associer un geste particulier. C’est en mettant bout à bout ces gestes que l’on va pouvoir phraser puis enfin tenir une conversation. Car si l’apprentissage de tous les gestes est long, le plus dur reste d’apprendre à déchiffrer ce que notre interlocuteur signe. Comme pour toutes les langues, seule la pratique pourra aider un tout jeune étudiant de la LSF.

Associées aux gestes, les expressions du visage et mimiques sont indispensables puisque ce sont elles qui vont permettre d’exprimer des émotions et sentiments, et de décrire des situations. Par exemple, le mot pluie est désigné par un seul geste, qu’il s’agisse d’une bruine ou d’une grosse averse, c’est donc l’expression du visage que l’on va associer à ce geste qui va montrer l’intensité de la pluie et donc donner un sens différent pour ce même geste.

La LSF est donc une langue complexe, peu utilisée en France (moins de 100 000 pratiquants), ce qui oblige l’enfant sourd ou malentendant à fréquenter des établissements spécialisés, où les professeurs sont également atteints de surdité afin qu’ils puissent se comprendre mutuellement. On estime qu’il faut environ 200 heures de cours particuliers pour savoir signer, s’exprimer et converser de manière fluide. Il faut savoir que la Langue des Signes n’est pas une langue universelle et que les gestes et tournures de phrases utilisées varient selon les pays. Une démocratisation de cette langue permettrait de franchir ces obstacles qui entravent la vie de nombreuses personnes.

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