Par Martine Robert, Sage-Femme

Peut-être que l’accouchement approche et que vous souhaitez en savoir plus sur certains gestes qui pourraient avoir lieu le jour de la naissance de votre bébé ! C’est le cas de l’épisiotomie dont on entend souvent parler et sur laquelle il est intéressant de se pencher. Partons faire cette petite découverte ensemble.. 🙂

episiotomie

S’intéresser à l’épisiotomie, impose de revenir en premier lieu sur des notions anatomiques et fonctionnelles de la zone concernée : le périnée. En comprendre ses indications, et l’importance de la « bientraitance » à lui accorder est de nos jours primordiale !

Où se trouve le périnée et à quoi sert-il ?

Le périnée du grec Peri Ineo, autour de l’entrée, constitue l’entrée et la sortie dans le monde de chaque bébé. Le périnée est un ensemble de muscles situé entre entre le vagin et l’anus. Il soutient le rectum, l’utérus et la vessie. Son tonus varie chez chacune d’entre nous, n’étant pas toutes pourvues du même héritage musculaire. Certaines d’entre nous naissent avec un périnée plus ou moins tonique, dont on peut convenir de muscler par le biais d’exercices ciblés qui peuvent être enseignés dans le cadre d’une rééducation qui peut être entreprise avant une grossesse.

Par ailleurs la pratique sportive et la profession (port de charges lourdes, station debout prolongée) induisent des pressions sur le périnée pouvant être responsables de troubles, avant même d’avoir un bébé.

Le périnée est aussi un lieu d’élimination des déchets pour l’urine, les matières fécales et les gaz.

Une naissance est par essence dynamique : le périnée physiologiquement « ramolli » par l’influence hormonale de la grossesse, permet au bébé descendant de mieux glisser dessus. Il effectue des rotations et des flexions de sa tête, sollicitant le col pour l’ouvrir,  et au moment ultime de la naissance, le périnée.

Se projetant dans le sens de la gravité, la position de la maman sera à considérer pour assurer au maximum la protection du périnée, sa protection maximale se situant en position accroupie, latéralisée, à quatre pattes ou allongée, les genoux étant au maximum remontés sur la poitrine.

Le souffle expiratoire (le cri, les sons) agissant sur la contraction des muscles abdominaux transverses, va naturellement « faire sortir le bébé » avec un périnée des plus assoupli.

Sachez avant tout que l’épisiotomie est préconisée afin de faciliter l’arrivée de votre bébé. Elle n’est pas obligatoire et le médecin ou la sage-femme décideront de cette nécessité au moment où la tête sera sur le périnée. L’épisiotomie est principalement recommandée dans les cas suivants :

  • un périnée court (petite distance entre l’anus et la vulve);
  • une  un bébé “dodu” ou un bébé avec une grosse tête;
  • une manœuvre obstétricale (forceps ou spatules);
  • un bébé en souffrance au moment de l’accouchement, pour accélérer la naissance.

Bien pratiquée et bien indiquée, l’épisiotomie vous protègera également d’un handicap majeur : l’incontinence anale.

Les troubles de l’épisiotomie sont essentiellement en rapport avec la cicatrisation susceptible d’entraîner des douleurs et des dysfonctionnements au moment de la reprise des rapports sexuels.

Les complications immédiates sont souvent prises en charge et traitées à la maternité, des soins de propreté avec un suivi appuyée par la sage femme prenant le relai à domicile, suffisent à ce que les choses rentrent dans l’ordre.

Si les douleurs persistent, une prise en charge dans le cadre de la rééducation  avec des courants antalgiques (contre la douleur) associée à des petits massages que vous ferez vous-même avec une crème appropriée (Rescue Cream), solutionnent très rapidement la gêne.

Une consultation ostéopathique améliorera considérablement les douleurs internes du périnée.

L’épisiotomie n’est pas responsable des troubles de l’incontinence urinaire et c’est la rééducation périnéale qui solutionnera ce trouble.

« Une étude Hollandaise de 2017 rapporte que, sans épisiotomie, le taux de blessure anale est multiplié par 5 chez les multipares et par 8 chez les primipares ayant accouché avec un forceps (les inconvénients de l’épisiotomie sélective étant donc inférieurs à ceux de l’incontinence fécale)

Une étude anglaise constate que le taux de déchirures anales est passé de 1,8 % à 5,9 % au fur et à mesure que l’épisiotomie a diminuée (article Huffpost) »

Les conseils de la sage-femme

Lors de votre préparation à l’accouchement essayez d’en approfondir l’approche physiologique. Les outils et postures alors enseignés pourront être mises à profit le jour J, sans sous estimez vos faiblesses. Les massages du périnée avant l’accouchement peuvent aider à assouplir cette zone sensible et il est important d’être bien informée que parfois c’est inévitable.

Il est capable de vous rencontrer rapidement après la naissance pour vous examiner avec précaution, vous rassurer et surtout vous écouter. Votre prise en charge périnéale doit être globale, tant sur le plan de la douleur (3 à 4 séances suffiront à faire passer la douleur), que de la continence et de la statique pelvienne (10 à 12 séances seront nécessaires pour retrouver son intégrité périnéale)

Le poids du bébé ayant sollicité votre périnée pendant 9 mois et que les troubles de la continence de la grossesse ne persisteront pas forcément après (ils sont essentiellement dus à l’influence hormonale induisant physiologiquement l’assouplissement du périnée nécessaire à la descente du bébé)

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