Placebo : tout savoir sur ce procédé thérapeutique
Le placebo (du latin « je plairai ») désigne un procédé thérapeutique ne montrant aucune efficacité directe sur une problématique donnée. Il exerce cependant une action sur le / la patient.e grâce à des mécanismes psychologiques et physiologiques.
Comment fonctionne un placebo ?
Dans le secteur du médicament, on qualifiera de placebo pur tout produit ne possédant aucune substance active. Un placebo impur désigne lui un produit actif sur le plan pharmacologique, mais qui n’agit pas sur la pathologie soignée. Ou s’il agit, son efficacité n’est pas encore probante.
L’effet dure peu de temps. Chez les personnes les plus réceptives, on note une durée de deux ou trois jours maximum. Puis les symptômes refont surface. Ce court laps de temps s’avère cependant suffisant pour le traitement de la majorité des maladies bénignes.
Par exemple, prendre un comprimé en étant persuadé qu’il soulagera un mal de ventre est susceptible de provoquer la libération d’endorphines. Ces molécules analgésiques sont produites naturellement par le corps. En revanche, pour des maladies plus graves, comme un cancer, l’effet placebo n’est malheureusement pas suffisant.
La découverte de la guérison par la volonté
Il faut revenir à la seconde Guerre mondiale. Les stocks de morphine étant épuisés, le chirurgien Henry Beecher injectait des solutions salines aux soldats blessés. Croyant qu’on leur donnait de la morphine, ces hommes voyaient leurs souffrances apaisées.
Aujourd’hui, les scientifiques cernent mieux les mécanismes du placebo. Deux facteurs interviennent : le conditionnement et la suggestion.
Le conditionnement consiste en une réponse biologique déclenchée par la forte relation entre un rituel de soins (aller chez le médecin, prendre des médicaments…) et un souvenir positif (guérir).
La suggestion concerne l’affirmation par le médecin que le médicament se montre efficace.
Utilisation du placebo
La recherche médicale recourt aux placébos lors des phases de tests des traitements médicaux. Les scientifiques ont ainsi pu observer que l’effet placebo se manifeste lors de traitements de maladies et de symptômes très variés. De 30% en moyenne, il atteindrait les 60-70% dans les cas de migraines ou de dépressions.
Cependant, lorsqu’on compare l’effet d’un placebo à une absence totale de traitement, on s’aperçoit qu’il n’existe aucune différence notable sur le plan clinique. Il reste difficile d’attribuer une diminution de la douleur au placebo lui-même, sachant qu’il pourrait tout aussi bien s’agir d’une guérison spontanée ou d’une régression de la maladie.La place prépondérante du facteur psychologique
Le psychisme au cœur des soins
Les travaux du psychiatre Michael Balint établissent que la confiance entre le médecin et le/la patient.e garde une place très importante dans la réussite du « traitement ». Si l’écoute et le respect mutuel sont indispensables, la conviction avec laquelle le médecin rédige son ordonnance compte elle aussi ! D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour lesquelles la vitamine C fonctionne si bien.
Car oui, c’est bien au niveau du cerveau que le placebo agit, et nulle part ailleurs. Il y réagit en modifiant l’activité électrique au niveau du cortex cérébral. N’oublions pas que l’effet placebo produit les mêmes effets que la morphine sur notre cerveau !
L’homéopathie, le placebo par excellence ?
Les « pro homéopathie » se servent d’ailleurs souvent du placebo pour justifier la prise des granules qui, rappelons-le, ne contiennent elles non plus aucun principe actif. Le professeur Olivier Desrichard avance lui que pour que cet argument soit recevable, il faut prouver une différence entre la prise des granules d’homéopathie et l’absence totale de traitement.