Le bore out : quand l’ennui au travail nuit à la santé
«Le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la protéger », disait Henri Salvador dans une de ses chansons, alors qu’il ne connaissait pas le bore out. Ce terme anglicisé désigne le syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, une réalité affectant de plus en plus de salariés. Faux jumeau du burn out, le bore out ne doit pas être sous-estimé : s’ennuyer au travail ayant des conséquences néfastes sur la santé. Pourtant ce phénomène reste largement méconnu.
Faisons le point sur le bore out !
Bore out, burn out, quelles différences ?
Si le burn out fait beaucoup parler de lui (mais fait l’objet d’une lente évolution vers sa reconnaissance en tant que maladie professionnelle), le bore out est un phénomène encore tabou. En effet, on assume moins socialement de se plaindre d’un manque d’activité dans son travail, que d’un trop plein.
Si le burn out est causé par un excès de travail, un stress excessif et une forte pression, le bore out résulte quant à lui d’un manque d’occupation difficile à supporter. Cela peut être attribué en partie à une politique d’embauche inadaptée dans le secteur public, où des postes sont créés sans réels besoins. Dans d’autres cas, on observe une mise à l’écart volontaire ou une « placardisation » des fonctionnaires qui ne peuvent être licenciés. Dans le secteur privé, les postes non-supprimés sont vidés de leurs sens avec notamment la parcellisation extrême des tâches (segmentation d’une activité en tâches répétitives). Or, occuper un poste où il n’y a rien à faire peut s’avérer un véritable supplice sur le long terme.
L’ennui au travail : quels risques pour la santé ?
Passer ses journées à « tuer le temps » serait aussi nocif pour notre santé mentale et physique que l’excès de travail. En effet, le fait de ne pas avoir de tâche à accomplir au travail enlève toute motivation : il n’y plus de stimulation intellectuelle ou physique, plus de reconnaissance, et l’estime de soi dégringole. Le cerveau tourne en boucle ou dans le vide, le corps souffre d’impatience, et la fatigue est paradoxalement plus forte que quand on a trop de travail : elle est malsaine. La baisse de concentration, la déprime, puis la dépression menacent. Face à l’ennui, on prend petit à petit des mauvaises habitudes, palliatives, comme le grignotage, la cigarette ou l’alcool. Selon une étude anglaise nommée « Bored to death », ces habitudes provoqueraient chez les salariés qui souffrent d’ennui au travail un risque de développer des accidents cardiovasculaires deux à trois fois plus élevés que chez ceux dont l’emploi est stimulant. Être payé à ne rien faire ne serait donc pas un rêve, mais un cauchemar, nommé : le bore out.
Symptomes bore out et prévention
Comme évoqué précédemment, le bore out a des répercussions significatives sur le moral et la santé physique. Parfois, la seule solution qu’a le salarié pour se préserver est malheureusement de démissionner. Avant d’en arriver là, il est possible (dans le meilleur des cas), d’en discuter avec sa hiérarchie et de prendre des initiatives pour améliorer la situation. Mais d’abord, il est crucial de détecter le premier symptôme du bore out : un ennui si lourd qu’il vous pompe votre énergie, jusqu’après le travail. Ce sentiment peut être suivi par d’autres symptomes bore out comme la tristesse et l’anxiété, qu’il ne faut pas sous-estimer si ils s’installent. En effet, cela pourrait évoluer vers une dépression, une déconstruction de personnalité, voire des envies suicidaires.
Pour toutes ces raisons, dès le premier symptôme du bore out, il est primordial d’en parler autour de soi. Mais aussi avec un professionnel de santé. Pourquoi pas d’abord en téléconsultation.