1personne sur 4 souffre d’un trouble mental à un moment ou à un autre de sa vie, ce qui en fait la première cause d’invalidité dans le monde. Pourtant malgré le fait qu’elle soit commune et répandue, il reste extrêmement difficile de comprendre la dépression, d‘en parler et de trouver des vraies pistes pour s’en sortir.
Comprendre la dépression, c’est refuser de continuer à la subir
La dépression est une maladie psychique fréquente qui affecte 11 % des hommes et 22 % des femmes. Ce sex ratio de ½ est probablement faussé par le fait que les hommes consultent moins que le femmes et sont donc sous-diagnostiqués. Il est associé à un risque suicidaire important puisque 30 à 50 % des tentatives de suicide en France, sont secondaires à un épisode dépressif caractérisé.
La dépression est une maladie qui touche tous les âges, depuis l’enfance en passant par la femme enceinte jusqu’à très tard dans la vie.
Des origines multiples pour comprendre la dépression :
Certaines personnes sont plus à risque de dépression en raison de :
- facteurs génétiques : un individu dont l’un des parents fait une dépression a deux à quatre fois plus de risque d’être lui-même dépressif au cours de sa vie. Certaines variations génétiques associées à cette vulnérabilité ont été identifiées. Par exemple au niveau des gènes codant pour le transporteur de la sérotonine ou pour un autre facteur ( le BNDF) essentiel à la prolifération et la survie des neurones.
- facteurs environnementaux : l’impact de ces variations génétiques dépend de l’environnement dans lequel ils vont s’exprimer. Il y a des environnements plus à risque de conduire à une dépression. C’est le cas de traumatismes précoces survenus au cours l’enfance d’ordre affectifs, psychologiques ou sexuels. Des situations et des événements de vie (un décès, une perte d’emploi, une séparation…).
- facteurs physiologiques propres : une maladie physique (certaines anémies, troubles thyroïdiens, tumeurs, maladie de Parkinson), des changements métaboliques (ménopause, andropause, grossesse, etc…).
- facteurs sociaux : on sous-estime les difficultés à vivre dans une société qui pousse l’individu à se surpasser dans tous les domaines (travail, loisirs et vie personnelle) et engendre le sentiment de ne pas être assez performant ou à la hauteur.
Néanmoins, toutes les personnes exposées à ce type d’événements ne développent pas la maladie. De plus, certaines personnes font une dépression sans motif apparent. Il existe donc une susceptibilité individuelle à la dépression.
Une sensation d’épuisement général
Pour les personnes qui sont plus à risques de dépression, la perte est susceptible d’être considérée comme dévastatrice et insurmontable,. C’est pour cela qu’il est important de comprendre la dépression.
Ces personnes, plus réactives au stress subi, ont parfois une façon de voir le monde qui les rend plus vulnérables (pessimistes, anxieux, introvertis…). Cette combinaison de facteurs amènent ces personnes à des croyances négatives sur soi, les autres, le monde et l’avenir. * Ces personnes peuvent ressentir “ je suis inutile”, “je n’ai envie de voir personne”, ”le monde n’a pas d’avenir”.
L’expérience commune de l’état déprimé pourrait tenir en une seule sensation, celle quasi physique d’anéantissement. Ce n’est pas quelque chose que l’on éprouve, c’est plus comme une immobilisation. Un empêchement de ressentir les mouvements de la vie interne et extérieure, l’abolition de toute rêverie, de tout désir.
La pensée, l’action et le langage semblent être pris en masse par une violence du vide. La plainte du déprimé, quand elle s’exprime, est pauvre et répétitive avec une incapacité à faire quoique ce soit. Le fonctionnement au quotidien à longtemps supporté ce ralentissement, avec un certain équilibre trouvé dans cette existence devenue restreinte. La personne est tellement anesthésiée que la douleur est devenue automatique, habituelle.**
Si c’est ce que vous ressentez ou ce que vous constatez pour un proche, ne restez pas immobile, des solutions existent !
Mais comment le « programme dépression » est-il mis en route ?
Entre les neurones de notre cerveau naissent l’amour, la joie, mais aussi la peur ou la tristesse, le royaume des émotions et de l’inconscient.
Le stress, c’est le talon d’Achille des personnes dépressives. La porte d’entrée où s’engouffre la dépression. Le stress est géré dans le cerveau émotionnel par l’amygdale qui est le centre de la peur.
L’amygdale interprète le signe qu’un danger extérieur nous menace. Elle réagit immédiatement en sécrétant des hormones du stress : cortisol et noradrénaline qui vont accélérer le rythme cardiaque. L’objectif est de préparer le corps au combat ou à la fuite.
Pendant ce temps il se passe quelque chose dans la zone du cerveau derrière le front (le néocortex frontal). C’est dans cette région que s’élabore la pensée, l’abstraction, le langage, bref le royaume de la raison et du conscient. Mais réfléchir retarderait nos chances de survie, donc l’amygdale débranche le cortex préfrontal.
En théorie, le cortex préfrontal se rallume après l’intervention de l’hippocampe. Mais pendant la dépression, les hormones du stress augmentent tellement qu’elles finissent par détruire les neurones de l’hippocampe. Affaibli, il ne peut plus remplir sa mission et rallumer la bougie de notre petit cortex préfrontal. Il reste donc éteint, ainsi que le raisonnement, laissant les personnes coupées d’une partie d’elle même.
Vers qui se tourner pour comprendre la dépression ?
Il n’y a pas de parcours type
1ère étape : consulter un médecin généraliste pour comprendre la dépression
La psychothérapie : un traitement à part entière pour comprendre la dépression
Les CMP pour vous aider à trouver un spécialiste
Les associations pour être moins seul
Les centres d’accueil et de crise (CAC)
Retrouvez la suite de cet article avec Les solutions pour guérir la dépression
** Des bienfaits de la dépression : éloge de la psychothérapie, P Fedida, Paris : Odile jacob, 2001
Par Léa Maggiore, Médecin Généraliste