Par Mathilde le Rouzic, cofondatrice d’Hellocare et Guillaume Lesdos, cofondateur de Medaviz

Dans une tribune, les co-fondateurs de Medaviz et d’Hellocare réagissent suite au dépot de plainte du CNOM contre la mutuelle Eovi MCD…

Mathilde le Rouzic et Guillaume Lesdos, cofondateur de Medaviz

Nous réagissons à la plainte déposée par le Conseil National de L’Ordre des Médecins (CNOM) à l’encontre de la mutuelle EOVI-MCD pour la mise en avant de son offre de téléconsultation dans un spot publicitaire. Précisons au préalable qu’aucun des signataires de cette tribune n’a d’intérêt direct avec la mutuelle EOVI-MCD.

Le CNOM veut s’assurer, à raison, que l’on ne crée pas une médecine à deux vitesses. Cela est d’autant plus nécessaire que la télémédecine a un objectif clé : faciliter l’accès aux soins pour tous. Garder et suivre cet objectif est crucial pour son développement à l’échelle nationale.

En ce sens, nous comprenons donc la position du CNOM qui s’inquiète de constater que cette publicité puisse créer une sélection des patients, par le conditionnement de l’accès au service pour les seuls bénéficiaires de cette mutuelle.

Néanmoins, cette situation s’explique notamment par le “zéro reste à charge pour les patients” que doivent respecter les projets de télémédecine depuis 2010. En l’absence d’une prise en charge des actes par l’Assurance Maladie, les services de téléconsultation ont dû en particulier solliciter le soutien financier des complémentaires santé.

Il est sans doute dommage que EOVI-MCD ait fait un lien direct entre la téléconsultation et la souscription de son “produit” de couverture santé. Cependant, l’offre qu’elle met en avant a ceci d’intéressant qu’elle respecte ce principe d’un reste à charge nul pour le patient, car la mutuelle prend en charge le coût à 100%.

 Il est aujourd’hui grand temps d’être constructifs et que l’ensemble des acteurs de la santé avancent main dans la main pour ne pas tuer dans l’œuf des pratiques qui émergent.

Rappelons que la France est en retard dans le déploiement de la télémédecine, très en retard… A titre indicatif, la Suisse propose la téléconsultation depuis 1999 ! Et si on veut éviter que les GAFA [NDLR : Google, Apple, Facebook, Amazon] ne s’emparent de la santé (ils ne cachent pas leurs ambitions sur le sujet), il faut mettre fin aux postures entre les différents acteurs, publics comme privés.

Nos propositions

Nous proposons de développer la télémédecine autour de trois piliers :

  1. Assurer la gratuité de l’acte pour le patient final et sa prise en charge par l’assurance maladie, afin de favoriser son déploiement rapide au plus grand nombre
  2. Repenser l’orientation dans le parcours de soins pour limiter le coût de la santé, en utilisant au mieux les possibilités offertes par les nouvelles technologies
  3. Placer le médecin au cœur du développement de la téléconsultation

Il faut agir vite et en bonne intelligence pour assurer l’universalité d’accès aux soins. Nous invitons donc l’ensemble des acteurs de la télémédecine, le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM), les Organismes Complémentaires d’Assurance Maladie (OCAM) et les pouvoirs publics à se réunir autour de la table pour échanger et avancer ensemble, avec bienveillance, vers l’avenir de la télémédecine.

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